15ème édition des Rencontres Internationales de la Gestion Publique
Mercredi 25 mai 2016
Déstabilisé face à un futur insaisissable, l’État, comme déconnecté de son histoire, ne parvient pas à écrire son nouveau roman. À l’heure du règne des rapports d’expertise, il peine à questionner fondamentalement les défis qui lui sont posés et, en conséquence, à déployer des actions publiques pour y répondre. Il demeure prisonnier des logiques court-termiste, de l’urgence, de solutions trop technicistes. Et si l’État menait une analyse prospective pour redonner du sens à son action ? S’il exerçait son imagination pour penser autrement, conduire une réflexion pratique et politique, et se projeter dans un ailleurs à venir ?
Accusé d’être intrusif et bedonnant, on reproche souvent à l’État son inefficience en stigmatisant des pouvoirs publics coûteux et obsolètes. « L’État ne peut plus tout faire » revient comme un leitmotiv. Une demande constante de modernisation, d’innovation pousse la gestion publique à se transformer, à s’adapter au XXIe siècle. Les nouvelles technologies participent de la constitution d’une vaste communauté d’individus interconnectés : l’avènement du numérique nourrit un besoin accru de fluidité et de transparence. Aussi, un élan de modernisation de l’administration est en cours, créant une nouvelle relation avec un usager-citoyen, de plus en plus exigeant. On parle d’« État plateforme », d’« ubérisation de l’État » mais qu’en est-il vraiment ? Quelles sont les conséquences pour les services publics ? Est-ce le renouveau tant attendu ?
Face à l’accélération sociale et technique de nos modes d’existence, l’État doit-il tenter de se synchroniser avec ce mouvement ou d’autres options sont-elles concevables ?
Inventer son futur plutôt que de le découvrir, tel est le défi que nous lançons. Et si l’imagination permettait à l’État de s’extraire de cadres contraignants afin de tester de nouveaux scénarios ? Un exercice de distanciation pour stimuler des visions utopiques, désirables de la gestion publique et se débarrasser des façons anciennes de raconter le monde, penser et agir sur le futur.
PROGRAMME
À partir de 8 h 00 – Café d’accueil
9 h 00 – Ouverture par Laurent de Jekhowsky, Secrétaire général des ministères économiques et financiers
9 h 15 – Conférence d’ouverture L’État est toujours à réinventer par Bruno Latour, sociologue, Sciences Po Paris, France
9 h 45 – Table-ronde
L’État face à sa modernité
Modération : Isabelle Bruno, Université de Lille 2
Avec Marc Abélès, EHESS / Dominique Cardon, Orange Labs / Maja Fjaestad, secrétaire d’État auprès de la ministre suédoise du « futur » / David Graeber, London School of Economics
11 h 15 –
Ateliers : L’État en fiction
Atelier n° 1 – La théorie
Utopie/dystopie : Un État sous contraintes
Après une présentation du genre de la science-fiction, cet atelier montrera comment par-delà leurs dimensions narratives, les utopies/ dystopies sont un vecteur de réflexivité et d’anticipation du futur. En élargissant le champ des expériences de pensée, comment questionnent-elles les transformations du monde et trouvent-elles ainsi une expression artistique au changement social ?
Avec : Antoine Brachet, Cofondateur du collectif citoyen des Barbares
Andréas Eschbach, écrivain majeur de la science-fiction allemande
Yannick Rumpala, Université de Nice
Atelier n° 2 – La pratique
Uchronie : Et si l’État…
Atelier participatif
Cet atelier participatif souhaite repenser l’action publique en libérant les services publics des contraintes du présent. L’uchronie, genre qui repose sur le principe de réécriture de l’histoire à partir de la modification d’événement passé, permettra à plusieurs groupes de travaux de traiter des thématiques propres aux services publics.
12 h 30 – Pause méridienne
14 heures – Conférence de Michel Serres, philosophe, membre de l’Académie française
14 h 30 – Conférences en scène – Des utopies en devenir (18 min. chacune)
ART : Frédérique Ait-Touati, chargée de recherche CNRS, EHESS, France, Reconstruire le monde : pouvoirs et savoirs de la fiction
ADMINISTRATION : Laurent Ledoux, secrétaire général, ministère des Transports, Belgique, Des administrations libérées
TECHNOLOGIE : Zak Allal, médecin-entrepreneur, ex-ambassadeur, Université de la singularité (Google & NASA),États-Unis, L’hôpital du futur. Quand l’homme fusionnera avec la machine
TRAVAIL : Michel Lallement, professeur de sociologie, CNAM, France, L’âge du faire. Hacking, travail, anarchie
POLITIQUE : Audrey Tang, hackiviste, g0v, Taiwan, Réinventer la démocratie
Débat/Discussion (30 min) avec la salle animée par Sylvain Bourmeau, journaliste, France Culture
16 h 30 – Remise du prix de la meilleure nouvelle « l’État en 2056 »
16 h 45 – Conférence de clôture par Daniel Innerarity, philosophe, Université de Saragosse, Espagne, La politique du temps : le futur et ses ennemis
Sous le patronage de Michel Sapin, ministre des Finances et des Comptes publics, et d’Emmanuel Macron, ministre de l’Économie, du Numérique et de l’Industrie