Le Blog Résistance

Vous trouverez ici des travaux réalisés par les étudiants du Master 2 Marketing & Communication (Reims) et du Master 2 Marketing et Distribution (Troyes) de l’Université de Reims Champagne-Ardenne. Bonne lecture !


La résistance à la production alimentaire industrialisée à base de produits animaliers

Auteurs : Coraline Fournier, Claire Jacquemin, Maëlly Sciaux,
 Master 2 Marketing & Distribution (Troyes)

Publié le 13 janvier 2019

Le 3 novembre dernier, une vidéo illustrant des violences animalières au sein d’un abattoir français est diffusée sur TF1. Cette dernière réalisée par l’association de protection animale L214, dénonce les conditions insupportables auxquelles sont confrontés les animaux. Dix-neuf heures de captation cachée ont été suffisantes pour exposer des scènes insoutenables : des vaches étourdies s’écroulant dans le sang et les excréments, d’autres découpées avant même d’être tuées ou bien encore un chevreau pendu vivant à un crochet… Etant certifié bio, cet établissement de taille modeste ne respecte pas non plus les conditions d’hygiènes imposées par la réglementation. Suite aux pratiques considérées comme inacceptables, le ministère de l’Agriculture, Didier Guillaume, a publié un communiqué ordonnant l’arrêt d’activité de cet abattoir situé dans l’Indre.

Depuis des années, les violences animales sont un problème qui revient fréquemment. Avec la répétition de ces événements, la filière viande est désormais pointée du doigt. Ce cas de violence animale n’est pas l’unique problème au sein de l’élevage industriel. D’autres pratiques incluant d’autres animaux sont touchés. Les grands groupes industriels garantissent des conditions d’élevage idéales pour les animaux consommés régulièrement par les français. Aujourd’hui, quel est le nombre exact de vaches ayant gaiement gambadé à travers les prairies, le nombre de poulets ayant gratté le sol à la recherche d’un ver, le nombre de cochons s’étant fait câliner par son éleveur ? La plupart des consommateurs, voire la majorité d’entre eux n’associent pas leur consommation de viande à la cruauté, à la souffrance, à la peur et à la violence subie dans les abattoirs. Par définition, l’élevage industriel correspond à un système d’élevage donnant la priorité à la production sur tout le reste. Les animaux élevés dans ce système subissent d’ignobles conditions d’élevage afin qu’ils ne puissent pas se blesser entre eux et par conséquent, faire baisser la productivité. En effet, de nombreuses pratiques sont mises en place telles que l’épointage des becs, le dégriffage des pattes, le coupage des queues, le rognage des dents ou bien encore l’écornage des veaux…

De nos jours, de nombreuses associations se mettent en place afin de lutter contre l’élevage industriel qui remet en cause les notions de consommation éthique et de bien-être animal.

Les notions de consommation éthique et de bien-être animal expliquées par la littérature

Aujourd’hui et depuis bon nombre d’années, le bien-être animal est un sujet à part entière dans notre société. Cette expression utilisée par le monde scientifique, fait référence aux élevages industriels. Cette nouvelle préoccupation du bien-être animal a trouvé son origine dans les réglementations prises par l’Union Européenne. Ces dernières imposent alors un desserrement progressif des contraintes subies par les animaux d’élevage. En effet, depuis quelques années, nous assistons à un intérêt croissant des consommateurs pour de multiples préoccupations sociétales comme le respect des droits des animaux. Ces dernières peuvent être qualifiées de préoccupations éthiques (Rambonilaza, 2010).

En 1999, des zootechniciens ont déclaré que le respect du bien-être animal était en passe de devenir une demande sociale majeure (Veissier et al., 1999). Néanmoins, cette notion de demande sociale n’est apparue qu’en 1982 lors d’un colloque de recherche (Bourdon, 2003). En effet, beaucoup d’individus sont indignés et offusqués de la manière dont sont traités les animaux d’élevage. Ils estiment ainsi que ces derniers souffrent d’un manque de liberté et souffrent eux-mêmes de cette souffrance qui leur est infligée (Bourdon, 2003).

Nous constatons depuis plusieurs années qu’en matière de consommation, les individus ont de nouvelles revendications, et « prennent de plus en plus compte des attributs éthiques d’ordre qualitatif dans leur choix de produits tels que, les conditions de production, l’origine géographique, les moyens de communication, la conformité aux normes, la traçabilité, les labels et les dates de péremption. » (Baccouche Ben Amara et Zghal, 2008, p. 53). Ainsi, il est donc important pour les consommateurs que les pratiques sociales soient plus responsables afin que ces derniers soient rassurés. De ce fait, les consommateurs expriment de plus en plus leurs valeurs morales dans leurs choix de consommation, notamment à travers de nouvelles aspirations aussi bien en amont qu’en aval de leur consommation et à travers des comportements plus socialement responsables (Vitell et Muncy, 1992 ; Singhapakdi et al., 1999).

Lors du processus d’achat d’un produit, et dans le cas de produits animaliers industriels, si le consommateur se soucie de la façon dont son produit a été conçu, il s’agit de la traduction d’un comportement éthique (Baccouche Ben Amara et Zghal, 2008). De ce fait, nous pouvons donc en déduire que les consommateurs intègrent l’éthique dans leur choix de consommation de produits alimentaires animaliers. Ainsi, le consommateur va donc intégrer le concept d’éthique comme base essentielle de ses jugements. Par conséquent, celui-ci va justifier ses décisions par un raisonnement qui est basé sur les notions de bon et de mauvais, de bien et de mal, de juste et d’injuste (Baccouche Ben Amara et Zghal, 2008). Avec une diffusion de plus en plus importante de scandales concernant la maltraitance des animaux d’élevage, comme celle qui fut diffusée le 3 novembre dernier, les consommateurs sont aujourd’hui de plus en plus sceptiques par rapport aux produits qu’ils achètent. « La multiplication des affaires à scandales et des fautes professionnelles entraîne une réelle méfiance des consommateurs et soulève la question de l’éthique de l’entreprise et la confiance du consommateur. » (Gatfaoui et Lavorata, 2001).

La consommation éthique a été définie comme « une manière d’acquérir et d’utiliser des produits et services épousant autant que possible ses principes et valeurs morales. En d’autres termes, c’est la volonté de prendre en considération des préoccupations éthiques lors de ses actes d’achat et de consommation des produits et services. » (Toti et Moulins, 2015, p. 29). Ainsi, cette consommation éthique considère la consommation comme un moyen d’actions politiques et morales (Toti et Moulins, 2015). En ce sens, c’est ce qui se produit dans le cas des boycotts par les consommateurs (Barnett et al., 2005) où dans le cadre de notre étude, ces derniers boycottent les produits qui ont causés le malheur des animaux. Ainsi, cette consommation responsable a été définie comme « l’ensemble des actes volontaires situés dans la sphère de consommation réalisés suite à la prise de conscience de conséquences jugées négatives de la consommation sur le monde extérieur » (Özçaglar-Toulouse, 2009). De ce fait, les pratiques jugées comme négatives sur le monde extérieur sont vécues comme des formes de résistance à la consommation ou par la consommation (Roux, 2007, 2009 ; Daniel et Sirieix, 2012).

Comment certains individus sont-ils devenus résistants ?

On note aujourd’hui une baisse structurelle de la consommation de viande. En effet, les individus essaient actuellement de consommer moins de viande lors de leurs repas et de plus en plus se tournent vers le végétarisme, voire même vers le véganisme. La mobilisation pour le bien-être animal est actuellement en train de gagner du terrain, et le secteur doit donc composer avec de nouvelles attentes sociétales. En 2016, une vidéo montrant des mauvais traitements sur les animaux dans les abattoirs est diffusée par l’association L214. Cette dernière choque alors de nombreuses personnes, les poussant alors à modifier leurs habitudes alimentaires. Cette vidéo contribue alors à renforcer la préoccupation sociétale sur le bien-être des animaux d’élevage que ce soit au quotidien, lors du transport, ou au moment de l’abattage.

Plusieurs raisons sont à l’origine de la résistance à l’industrialisation des produits alimentaires animaliers car l’élevage et la pêche ont des conséquences dramatiques sur les hommes, mais aussi sur les animaux et l’environnement. Ainsi, plusieurs agents se manifestent dans le but de pouvoir faire baisser la production et la consommation de produits animaliers. En effet, face à cette production toujours plus intensive et industrialisée, plusieurs agents comme les citoyens, les organisations non gouvernementales (ONG) et les organisations internationales essaient de lutter contre ces pratiques afin de diminuer, voire de supprimer la consommation de viande. Par ailleurs, ils essaient également de trouver de nouvelles façons de la produire. En effet, il est possible d’identifier de multiples raisons qui poussent ces citoyens et ces organisations à entrer dans la résistance car cette consommation industrialisée de produits animaliers a des conséquences négatives sur divers aspects.

Tout d’abord, produire un kilogramme de bœuf requiert 15 500 litres d’eau, soit l’équivalent d’une petite piscine. Un kilogramme de porc nécessite quant à lui 4 900 litres d’eau et 4 000 litres d’eau sont également nécessaires pour la production d’un kilogramme de poulet. A contrario, les pommes nécessitent quant à elle 184 litres d’eau pour la production d’un kilogramme, et 131 litres d’eau pour un kilogramme de carottes. D’autre part, selon l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture, l’élevage est responsable de 14,5% des émissions mondiales de gaz à effet de serre, ce qui représente une part plus importante que les gaz émis par le secteur des transports. Par ailleurs, 70% des terres agricoles mondiales sont aujourd’hui destinées à nourrir les animaux car de plus en plus d’animaux sont aujourd’hui engraissés avec du maïs, du blé, ou du soja OGM. Ainsi, produire un kilogramme de viande requiert entre sept et douze kilogrammes de céréales. De ce fait, ce sont chaque année plusieurs millions d’hectares qui sont alors déboisés pour laisser place à des pâturages pour le bétail. Ainsi, l’agriculture serait reconnue comme responsable pour 70% de la déforestation. De plus, les élevages industriels sont également à l’origine de la pollution de l’eau. En effet, celle-ci est infectée par du phosphate et des nitrates provenant du fumier. Cependant, l’environnement est également contaminé par les rejets de pesticides et d’engrais. D’autre part, les animaux sont élevés dans des conditions qui sont aujourd’hui de plus en plus mauvaises. Ces derniers ont une vie qui est plus courte qu’auparavant, et sont surmenés et maltraités. Avant d’être abattus, ils reçoivent de fortes doses d’antibiotiques et d’hormones de croissance.

Ainsi, ce sont donc toutes ces raisons évoquées précédemment qui poussent les individus à agir et à entrer dans cette pratique.

Comment ces individus manifestent-ils leur résistance ?

Face à cette production animalière industrialisée, de nombreuses associations ont vu le jour depuis plusieurs années. Ces associations luttent constamment contre ces pratiques inacceptables. Parmi les plus connues, nous pouvons retrouver l’association L214 Ethique & Animauxla Fondation Assistance aux Animaux (FAAA)l’ONG Compassion in World Farming (CIWF)…  Toutes ces associations ont pour but de dénoncer ce système qui implique des pratiques qui ne sont pas saines pour les animaux, l’environnement mais aussi pour les Hommes.

Nous avons choisi de faire un zoom sur l’association L214 Ethique & Animaux car elle est à l’origine de la vidéo évoquée dans l’introduction. Créée en 2008, l’association L214 est tournée vers l’utilisation des animaux dans la production alimentaire, révélant ainsi leurs conditions d’élevage, de transport mais aussi d’abattage. Cette association a pour but de travailler sur 3 missions précises : rendre compte de la réalité des pratiques répandues, les faire évoluer et /ou les éradiquer ; démontrer l’impact négatif et nourrir le débat au quotidien afin de faire prendre conscience à la population des risques engagés.

L’association manifeste sa résistance envers ces pratiques en réalisant des films sur le terrain, des témoignages de professionnels, des études de publications scientifiques et des textes réglementaires. Toutes ces réalisations sont diffusées au grand public afin qu’il y ait une véritable communication sur le sujet. La véracité des faits et l’implication des militants de l’association dans la réalisation de ces documents font que ces enquêtes sont diffusées au grand public par l’intermédiaire de grandes chaînes comme TF1, France 2 ou bien publiées dans la presse écrite nationale comme Le Monde ou Le Parisien. De plus, l’intégralité de ces preuves exclusives est mise à disposition sur le site Internet de l’association mais également sur les plateformes comme YouTube, Dailymotion… De plus, l’association L214 met en place des campagnes qu’il est possible de retrouver dans les lieux publics ou sur Internet sous formes d’affiches.

L’association L214manifeste sa résistance grâce à la démonstration. En effet, l’association milite en rassemblant des membres afin de transmettre un réel message. Selon Hirschman (1970), cette manière d’agir est caractérisée par l’expression (voice)Son objectif principal se réalise à travers toutes les enquêtes de terrain mises en place. En effet, l’association souhaite dévoiler la réalité des élevages et des abattoirs et encourage les consommateurs à changer de comportement en adoptant une attitude d’achat responsable, de manière radicale ou de manière progressive.

Certains consommateurs aussi, individuellement, sont sensibles aux vidéos chocs proposées par l’association L214 et vont adopter un nouveau mode de consommation, boycottant tout produit provenant d’élevage industriel. Certains individus modifient leur consommation sans pour autant l’exprimer publiquement. Selon Hirschman (1970), ces individus agissent avec une résistance de type défection (exit). Toutefois, certaines personnes ne sont pas prêtes à stopper leur consommation de viande : elles peuvent alors avoir recours à une consommation plus responsable. En effet, certains consommateurs vont se diriger vers de petits producteurs se trouvant souvent à proximité de leur lieu d’habitation. De cette manière, les consommateurs peuvent obtenir des informations et être rassurés sur les conditions d’élevage des animaux.

Les consommateurs peuvent également privilégier la consommation de produits biologiques. Les produits animaliers biologiques sont une alternative où les conditions d’élevage sont meilleures. Ainsi, les animaux ne passent pas une partie de leur vie enfermés dans des espaces restreints dans le but de surproduire. La vie de ces animaux semble être meilleure que ceux de leurs congénères mais toutefois loin d’être idyllique car cette vie se termine également au sein des abattoirs. Comme nous avons pu le constater grâce aux images captées par l’association L214, les conditions d’abattage d’un établissement certifié bio ne sont pas toujours respectées et les animaux peuvent également souffrir de maltraitance.

Le végétarisme, le pesco-végétarisme, le végétalisme et le véganisme sont d’autres modes de consommation alternatifs qui sont plus brutales dans le sens où il y a une réelle rupture, un arrêt de consommation de produits animaliers.

Le végétarisme est un mode de consommation qui prône l’interdiction de toute chair animale avec comme seule exception les laitages et les œufs. Ce régime est donc basé sur la consommation de fruits, de légumes et de céréales. Les grands industriels d’aujourd’hui ont créé des substituts au goût et à la texture tout à fait comparable à la viande. Le végétarisme est une première alternative contre l’élevage industriel carné.

Le pesco-végétarisme (ou pescétarisme) est un mode de consommation qui prône l’interdiction de toute chair animale avec comme seule exception la chair issue des poissons, des crustacés et des mollusques. Ce mode de consommation est une variante du végétarisme mais est moins restrictive.

Le végétalisme est un mode de consommation qui exclut tous les produits animaliers qu’ils soient morts (viande, poisson, crustacés, mollusques…) ou vivants (produits laitiers, œufs, miel). Les végétaliens consomment donc des aliments provenant du monde végétal (graines, légumes, fruits, fruits à coque, huiles…).

Le véganisme est un mode de consommation qui refuse l’exploitation animale et qui entraîne directement l’arrêt de consommation de produits à base de chair animale, de laitage, d’œuf et de miel. Cependant, ce mode de consommation va plus loin dans le respect des animaux et implique également le fait de ne pas porter de vêtements provenant des animaux ainsi que le fait de pas utiliser de produits d’hygiène, d’entretien testés sur les animaux. En d’autres termes, le véganisme est un réel engagement en faveur de l’abolition de toute forme d’exploitation animale. Ce mode de consommation est relativement radical et ne refuse pas seulement l’élevage industriel.

Comment les institutions publiques et les entreprises prennent-elles en compte ces résistances ?

Ces résistances des consommateurs ne sont pas sans impact sur les activités des entreprises de la filière viande. En effet, les individus sont de plus en plus nombreux à modifier leurs habitudes alimentaires et certains d’entre eux n’hésitent pas à supprimer la viande ainsi que tout autre produit d’origine animalière de leur quotidien. De ce fait, afin de s’assurer un avenir, les entreprises se doivent de faire évoluer leurs méthodes de production ainsi que leur offre.

Pour instaurer des premiers changements, l’Etat intervient en mettant en place des actions et des réglementations. Ainsi, lors d’un discours énoncé le 11 octobre 2017, le président de la République demandait à chaque filière agricole (filière bovine, filière ovine, filière laitière…) de mettre en place un plan de développement et de transformations énonçant des objectifs pour 2022. Par exemple, la filière œufs s’est engagée à réduire à 50% la proportion d’œufs issus d’élevage en cages contre deux tiers actuellement. Plus récemment, le 1er novembre 2018, la loi Agriculture et Alimentation a été promulguée. Cette dernière contient plusieurs mesures ayant pour objectif de lutter contre la maltraitance animale. Par exemple, il est désormais interdit de mettre en production tout bâtiment nouveau ou réaménagé d’élevage de poules pondeuses élevées en cages.

En effet, parmi les nombreuses images choquantes diffusées par les médias et sur les réseaux sociaux, certaines d’entre elles relataient les affreuses conditions de vie des poules pondeuses élevées en cage. Les éleveurs de poules mais aussi de toutes autres espèces animales sont donc les premiers touchés par ces évolutions. Effectivement, ces images dénonçant les conditions de vie des animaux au sein de certains élevages ont participé à la perte de confiance des consommateurs. Les éleveurs se doivent donc d’intégrer la notion de bien-être animal afin de faire progresser les conditions d’élevage, de transport et d’abattage. Cette notion de bien-être animal implique cinq points :

  • L’animal ne doit pas souffrir de la faim ou de la soif.
  • L’animal ne doit pas souffrir d’inconfort.
  • L’animal ne doit pas souffrir de douleurs, de blessures ou de maladies.
  • Il doit pouvoir exprimer les comportements qui sont propres à son espèce.
  • Il ne doit pas éprouver de peur ou de détresse.

Ainsi pour répondre au mieux à ces attentes, les éleveurs se doivent de faire évoluer leurs méthodes de production et de communiquer auprès des consommateurs afin de rétablir un climat de confiance.

Comme nous l’avons préalablement évoqué, l’Etat intervient par le biais de lois afin de faire évoluer les choses en ce sens. Cependant, certains éleveurs ne se contentent pas de répondre aux obligations légales et vont plus loin dans leur démarche. Ainsi, certains d’entre eux mettent en place des démarches leur permettant de faire progresser leurs pratiques et par conséquent de répondre aux attentes de citoyens. Parmi ces démarches, nous pouvons prendre pour exemple l’adhésion à la Charte des bonnes pratiques d’élevage : l’éleveur s’engage donc à répondre à des critères précis sur l’alimentation, la santé ou encore le bien-être des bêtes. Ainsi, 62% des élevages bovins adhèrent à cette charte.

Plusieurs éleveurs vont encore plus loin en mettant en place une production biologique. Pour les consommateurs, cette certification est gage de bonne qualité mais leur assure également un bon traitement des animaux. En effet, pour obtenir la certification « bio », les éleveurs doivent répondre à des normes précises. Certaines d’entre elles permettent d’améliorer les conditions de vie des animaux et ainsi de répondre aux cinq fondements du bien-être animal. Par exemple, l’élevage hors sol est interdit ou encore, la nourriture doit être obtenue suivant les règles de l’agriculture biologique.

Les éleveurs ne sont pas les seuls professionnels impliqués dans la notion du bien-être animal. En effet, la production animale nécessite le transport. Lors de cette manipulation, les conditions pour le bien-être animal sont mises à rude épreuve de par le stress et le manque de confort. Ces dernières décennies, de nombreuses améliorations ont été mises en place telles que par exemple l’équipement des camions de système progressifs de freinage et d’accélération. Depuis le 1er janvier 2007, il est obligatoire pour les chauffeurs-convoyeurs d’être titulaire d’un certificat d’aptitude au transport des animaux vivants.

Les images dénonçant les conditions de vie des animaux au sein des élevages ne sont pas les seules à avoir heurté la sensibilité des consommateurs. En effet, comme nous l’avons évoqué précédemment, des images provenant d’abattoirs sont également à l’origine de la résistance des consommateurs. Afin de limiter au maximum toutes pratiques peu éthique et atteignant le bien-être de l’animal, le personnel d’abattoir reçoit une formation spécifique concernant la protection animale. Par conséquent, ces dernières années, plus de 5 200 employés ont été formés à la manipulation et la contention des animaux. Afin de contrôler ces pratiques, plus de 1 500 Responsables Protection Animal sont présents dans les 265 abattoirs français. De plus, des guides de bonnes pratiques pour la protection animale à l’abattoir sont mis en place par les opérateurs de la filière viande. Un premier, concernant les bovins a été validé par la DGAL en 2014 puis, un second, concernant les ovins et les porcins est actuellement en cours de validation. Cependant, il est nécessaire de communiquer auprès de consommateurs afin de leur faire parvenir les améliorations mises en place pour le bien-être animal. Pour cela, divers moyens sont utilisés. Par exemple, les éleveurs utilisent les réseaux sociaux afin de mettre en avant leur pratiques notamment avec l’hashtag « #BalanceTonBienEtreAnimal » sur Twitter. Le principe est simple : les éleveurs postent une photo ou une vidéo du bien-être de leurs bêtes afin de montrer que cela reste une priorité pour eux. D’autres initiatives sont mises en place telles que les journées « Made in viande » organisées par Interbev. Lors de ces journées, dans toute la France, la filière élevage et viande ouvre ses portes au public. Cela permet ainsi aux professionnels de partager leur métier, leur quotidien, leurs valeurs et plus précisément de mettre en avant le bien-être des animaux.

Néanmoins, les professionnels de la filière viande ne sont pas les seuls à communiquer sur le sujet du bien-être animal. Effectivement, toutes les entreprises commercialisant des produits issus d’une production animale sont également concernées par la question de bien-être. Certaines d’entre elles en font même un argument de vente et un élément de différenciation. Nous pouvons ainsi prendre pour exemple la marque « Les 2 vaches » qui commercialise des produits laitiers issus de lait de vaches. Cette dernière s’implique dans les conditions de bien-être des élevages dans lesquels est produit le lait que l’on retrouve dans ses produits. Ainsi, une page complète de leur site intitulée « Militer pour le bien-être animal » est dédiée à cette cause. De plus, la marque a mis en place des spots publicitaires télévisés mettant en avant son implication.

            Cependant, ces efforts ne parviennent pas toujours à rassurer les consommateurs. Les entreprises sont donc amenées à trouver d’autres alternatives afin de ne pas mettre en péril leur pérennité. En effet, la désaffection envers la viande amène les entreprises agroalimentaires à se tourner vers un nouveau marché en plein essor : les produits vegans. Ainsi, des entreprises telles que Fleury Michon par exemple, qui ont fondé leur marque sur la commercialisation de charcuterie ou de viande, sont amenées à produire les premiers steaks entièrement d’origine végétale. D’autres grands groupes suivent ces évolutions et proposent maintenant des produits sans composants d’origines animales comme par exemple, Danone qui commercialise des yaourts ne contenant pas de lait d’origine animale sous la marque Alpro, ou encore, le groupe Unilever qui envisage la commercialisation de glaces vegans.

Ainsi, au sein de magasins de grande distribution, nous voyons évoluer les offres au sein de linéaires avec l’émergence de rayons destinés aux produits vegans, ou encore la place occupée par les produits issus d’une production biologique évolue.

#violencesanimales #l214 #balancetonbienêtreanimal #veganisme #ensemblepourlesanimaux

Bibliographie

Articles de recherche

  • Baccouche Ben Amara, A., Zghal, M., « L’impact de la relation « éthique-confiance » sur l’intention d’achat du consommateur. Cas des produits respectueux de l’environnement », La Revue des Sciences de Gestion 2008/6 (n°234), p 53-64.
  • Bourdon, J-P., « Recherche agronomique et bien-être des animaux d’élevage : histoire d’une demande sociale », Histoire & Sociétés Rurales 2003/1, vol.19, p. 221-239.
  • Mouret, S., Porcher, J., « Les systèmes industriels porcins : la mort comme travail ordinaire », Natures Sciences Sociétés, vol. 15, (3), p. 245-252.
  • Rambonilaza, T., « La composante éthique de la consommation par le consentement à payer. Quels résultats, quelles perspectives ? » ? Revue française de gestion, 2010/1, n°200, p. 53-67.
  • Toti, J-F., Moulins, J-L., « Comment mesurer les comportements de consommation éthique ? », RIHME : Revue Interdisciplinaire Management, Homme & Entreprise, 2015/4, n°18, p. 21-42.

Sites Internet 


Adblockers ou comment les internautes esquivent les publicités sur internet

Auteurs : Claire Gardin, Dorian Marchais et Manon Rochman, Master 2 Marketing & Distribution (Troyes)

Publié le 11 janvier 2019

  • Comment la publicité est-elle devenue omniprésente en ligne ?

Les premières publicités sur internet sont apparues en 1993[i]. Plusieurs sociétés dont Hotwired, ont été parmi les premières à vendre des bannières de publicités en ligne à des entreprises. En 1995 sont apparus les premiers « serveurs de publicité centraux », ceux-ci permettant de gérer, cibler et suivre les utilisateurs ainsi que les annonces en ligne.

Subséquemment à ces événements, le marketing online, c’est-à-dire l’ensemble des techniques marketings utilisées sur Internet a continué de croître. Pour illustrer cet important marché, nous pouvons indiquer qu’en 2009, Yahoo a réalisé une recette de 131,6 milliards de dollars[ii] grâce aux bannières de publicités en ligne. Ces publicités représentent l’une des principales sources de revenus pour de nombreux sites Internet en raison du nombre d’internautes qui ne cesse de progresser.

En 2016, selon une étude menée par Roland Berger, les trois sites web les plus visités au monde seraient Youtube (avec 1,5 milliard de visiteurs journaliers), Google (avec 1,4 milliard de visiteurs journaliers) et Facebook (avec 960 millions de visiteurs journaliers).

Graphique des 10 sites Internet les plus visités au monde :

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Cette hausse de fréquentation des sites Internet a entraîné une hausse des publicités en ligne.

Ainsi, à travers ces publicités, les entreprises cherchent à atteindre différents objectifs :

  • Mettre en place un Marketing e-relationnel permettant d’améliorer la relation entre les consommateurs et les entreprises par une meilleure écoute des besoins et attentes des clients.
  • Proposer des offres personnalisées grâce à la collecte et au traitement des données des utilisateurs. Nous pouvons également parler de retargeting, c’est-à-dire une pratique publicitaire qui consiste le plus souvent à cibler à l’aide la publicité un internaute qui a visité un site Internet, mais pour lequel il n’y a pas eu d’acte d’achat ou transformation lors de cette visite.
  • Améliorer la notoriété et la visibilité de la marque.
  • Attirer l’attention des consommateurs par un processus de persuasion publicitaire. Le processus de persuasion commence dès lors que le consommateur est exposé à la publicité. En effet, le premier objectif de toute publicité est d’attirer l’attention.

Les moyens utilisés par la publicité en ligne

Selon les objectifs voulus par les entreprises à travers la communication, les moyens utilisés seront différents. En effet, selon la nature du site Internet, le contenu va varier et de ce fait les formats de publicités seront également différents.

La publicité en ligne est fréquemment désignée sous l’appellation « publicité display » ou « display », ce terme fait référence aux formes de publicités digitales utilisant des éléments graphiques ou vidéos.
Ainsi, en termes de publicité display, nous pouvons distinguer deux types de publicités : le display « classique » et le display « vidéo ». Ce dernier représente les publicités sous forme de vidéos qui se lancent automatiquement à l’arrivée de l’internaute sur un site ou avant le démarrage d’une vidéo sur un site de partage de vidéo. En voici un schéma illustratif :

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 La distinction peut également être faite entre le display présent sur ordinateur et celui qui est diffusé sur les mobiles et tablettes.

L’un des formats de display les plus répandu est sans doute le « pop-up », celui-ci correspond à une petite fenêtre qui s’ouvre automatiquement en surimpression lorsque l’internaute accède à une page Internet, l’empêchant ainsi momentanément de poursuivre sa navigation. Cette fenêtre peut contenir, entre autres, un message publicitaire, une mise en avant d’un produit, un message d’aide ou éventuellement une invitation à répondre à une enquête en ligne. En voici un exemple illustratif :

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Différents acteurs interviennent dans la mise en place du display. Certains commercialisent leur espace publicitaire : il s’agit des éditeurs. D’autres les aident à commercialiser leurs espaces. Ce sont les régies publicitaires qui sont divisées en trois catégories : les régies thématiques qui possèdent une spécialisation (cuisine, cinéma…), les régies à contrat exclusif reliant de manière exclusive les éditeurs, et enfin les régies de ciblage permettant des actions de retargeting (par exemple, Criteo).

Dans ce sens, il faut noter la présence d’une forme particulière de publicité qui est la publicité comportementale en ligne (OBA : « online behavorial advertising » en anglais)[iii]. Il s’agit d’un type de publicités permettant de suivre le comportement en ligne d’un individu spécifique pour permettre de diffuser une publicité adaptée à ses centres d’intérêts. Ce type de publicités collecte des informations individuelles sur le comportement en ligne de l’internaute afin d’anticiper ce qui va et doit lui être montré. Il s’agit de suivre les informations personnelles du consommateur (ses historiques de recherche, sa situation géographique…) à l’aide des cookies, et ainsi d’analyser ses préférences et ses caractéristiques personnelles pour pouvoir diffuser des annonces en fonction de ces données. Ces données sont communément appelées « Big Data ». Cela permet aux acteurs du marketing d’élaborer une communication ciblée, propre à chaque individu, dans le but d’améliorer la rentabilité et l’efficacité de la diffusion. Cette publicité s’inscrit dans le cadre du marketing prédictif.

Trois types de formats de publicité perçus comme intrusifs sont identifiés[iv] : le pop-up présentant un degré d’intrusivité « moyen ». Vient ensuite le flash transparent, qui témoigne d’une « intrusivité forte », il s’agit d’une animation permettant de voir le reste de la page. Voici un lien illustrant le format de publicité Flash transparent

Il existe enfin l’interstitiel qui présente également une forte intrusivité. Il apparaît avant la page d’accueil d’un site ou entre deux pages.

La publicité et le marketing prédictif

Il convient également de s’intéresser à la manière dont la publicité est élaborée par les entreprises qui utilisent le marketing prédictif afin d’anticiper les attentes du consommateur tout en recueillant une importante base de données ou « Big Data ».

Le marketing prédictif regroupe « les techniques de traitement et de modélisation des comportements clients, permettant d’anticiper leurs actions futures grâce au comportement présent et passé » (Giannelloni et Le Nagard, 2016)[v].

Ainsi, ces techniques marketing permettent d’afficher des publicités sur les pages Internet que le consommateur consulte, selon ses dernières recherches et navigations ou selon sa zone géographique, permettant ainsi un ciblage direct du consommateur.

Les pratiques liées au marketing prédictif génèrent une forme de mécontentement. Ainsi « les victimes » développent une attitude négative à l’égard de l’entité, c’est-à-dire la marque. Nous allons aborder cet aspect dans une seconde partie.

  • Les Adblockers du point de vue des consommateurs

Comme nous l’avons vu ci-dessus, afin de mettre en œuvre une stratégie de marketing en ligne, basée sur un aspect relationnel prépondérant, les entreprises doivent collecter un nombre toujours plus important de données sur leurs clients. Or cette collecte est devenue problématique pour bon nombre de consommateurs jugeant les pratiques de ces entreprises intrusives et non respectueuses de leur vie privée. Si certains consommateurs ne sont pas encore pleinement conscients de l’ensemble des informations que les entreprises leur « dérobent » durant leurs navigations sur Internet, beaucoup se plaignent des cookies et autres techniques permettant d’enregistrer leurs données.

Dans ce contexte, les consommateurs deviennent plus méfiants face à ces techniques marketings. Cela s’explique via l’intrusion perçue par les consommateurs de ces actions marketing qui conduit à un fort rejet de ces pratiques publicitaires. Dans le cadre du marketing numérique, Belvaux et Hérault (2014)[vi] définissent l’intrusion dans la vie privée comme « une collecte et une utilisation non désirée des informations personnelles ». De même, Li et al. (2002)[vii] définissent l’intrusivité des actions marketings et notamment de la publicité comme « une perception ou une conséquence psychologique qui se produit lorsque les processus cognitifs des individus sont interrompues » … « les publicités doivent être perçues comme interrompant les buts des spectateurs, pour qu’ils soient considérés comme intrusifs ».

La notion d’intrusion se caractérise par plusieurs dimensions qui sont notamment la perturbation du processus cognitif du client, l’accès aux informations des médias ou encore le non-respect de la vie privée des individus. Cela s’explique en partie par le sentiment de violation de l’espace personnel des consommateurs par ce type de publicité.

L’espace personnel serait, selon Fisher (1981), une zone propre à chaque individu, se situant autour de ce dernier, dont la taille et l’utilité varient en fonction de variables psychologiques et culturelles. Or le marketing relationnel cherchant à créer une relation avec les consommateurs, va dans la plupart des cas, entrer en confrontation avec l’espace personnel des clients en proposant par exemple des publicités et offres reflétant les besoins et attentes des consommateurs selon leurs recherches Internet précédentes. Ces derniers reconnaissent ces produits comme correspondant à leurs recherches mais se sentent dans le même temps « mis à nus », se demandant comment l’entreprise a été en mesure de proposer une offre aussi pertinente. Il en résulte un sentiment d’intrusion de l’espace personnel du consommateur à travers l’apparition de la publicité.

Ce sentiment d’intrusion du consommateur se traduit par un rejet des offres quand l’apparence d’une publicité est jugée non acceptable et considérée comme intrusive. De la même manière, l’exposition forcée à certaines publicités, ne pouvant être évitée pour accéder au contenu, peut entraîner un sentiment d’intrusion publicitaire chez le consommateur. L’intrusion perçue est liée au contexte situationnel et se caractérise par une réaction immédiate à l’affichage de la publicité.

Selon Bauer et Greyser (1968) l’intrusion perçue par le consommateur est une cause primordiale de la formation de réactions et d’attitudes négatives. Ces réactions négatives vont se caractériser par des comportements d’évitement de la part du consommateur, ayant une nature cognitive, affective ou comportementale selon Cho et Cheon (2004). Ces actions d’évitement peuvent être la conséquence de l’interruption de la tâche initiale du consommateur par la publicité, en raison de l’encombrement visuel et psychologique qu’elle engendre mais aussi des expériences préalables de l’internaute.

Les Adblockers : stratagèmes pour contrer la publicité

Afin de lutter contre la publicité en ligne, les internautes ont recours à une technique particulière : les Adblockers. Un Adblocker est un petit logiciel ou module incorporé au navigateur d’un internaute qui permet d’empêcher l’affichage des bandeaux, fenêtres ou tout autre format publicitaire. Ainsi, ce module offre la possibilité d’empêcher la diffusion des annonces sur le navigateur de l’internaute. Voici un exemple de son utilisation, à gauche sans le module, à droite avec celui-ci, nous pouvons constater que la majorité des publicités ont disparu :

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Le terme Adblocker regroupe le mot « ad » signifiant en anglais l’abréviation de « publicité » et « blocker » qui se traduit par « bloqueur » en français. Ainsi ce terme signifie bloqueur de publicité.

L’utilisation des Adblockers est une pratique qui tend à se généraliser en raison de sa simplicité d’utilisation et de ses effets importants sur le blocage des publicités.

Ainsi, les internautes sont de plus en plus nombreux à utiliser ces logiciels. En 2016, 309 millions d’internautes utilisaient des Adblockers. Le plus célèbre des Adblockers est sans doute le logiciel « Adblock Plus », gratuit d’utilisation, il serait utilisé par 22% des internautes [viii].

L’utilisation des Adblockers par les internautes permet l’évitement publicitaire qui se définit comme « toutes les actions des utilisateurs de médias réduisant de manière différenciée leur exposition au contenu de la publicité »[ix] et pouvant se produire par des moyens cognitifs, comportementaux et mécaniques.

Ainsi, trois antécédents d’évitement de la publicité ont été mis en lumière par Cho et Cheon (2004). Le premier, important en ligne par rapport aux médias traditionnels, est l’interruption de la tâche ou l’obstacle perçu à l’objectif. Lorsque la publicité ralentit ou stoppe la vitesse de récupération et de traitement des données, les consommateurs peuvent réagir négativement à la publicité ou au produit. Les publicités contextuelles, gênantes, ou celles impliquant que le consommateur cesse son activité en ligne peuvent inciter ce dernier à éviter totalement la publicité.

Vient ensuite le deuxième antécédent, qui est l’encombrement perçu de la publicité ou la conviction qu’il existe trop de publicités sur un support donné. Cela peut s’apparenter à une distraction incitant les consommateurs à discriminer et éviter les publicités qui ne sont pas pertinentes ou intéressantes pour ces derniers (Ingram, 2006).

Le troisième antécédent est l’expérience négative antérieure où les consommateurs font l’expérience d’une publicité trompeuse, exagérée, mal ciblée ou conduisant les utilisateurs vers des sites inappropriés. Cho et Cheon (2004) définissent l’évitement comportemental comme « des actions d’évitement du consommateur autre que le manque d’attention »[x]. Cela peut être un évitement mécanique réalisé à l’aide des logiciels de blocage de publicités, s’apparentant à un type d’évitement comportemental. Le comportement de l’utilisateur est ici intentionnel.

La manifestation d’une résistance à travers l’usage des Adblockers

Comme nous venons de le voir, l’usage des Adblockers par les internautes est le résultat des comportements d’évitement par ces derniers. En agissant de la sorte, les internautes manifestent ainsi une forme de résistance aux publicités qu’ils jugent intrusives.

Dominique Roux considère que « résister revient pour les consommateurs à lutter contre les influences qui s’exercent sur eux au travers des campagnes de communication, des offres commerciales et des techniques de vente avec lesquelles les firmes tentent de les séduire » (Roux, 2014, p.2)[xi]. Les Adblockers semblent être la manifestation de la résistance des internautes aux publicités puisque ces derniers luttent de manière consciente contre l’affichage des publicités sur leur écran à l’aide des Adblockers. D’autant que selon D. Roux (2007), la résistance correspond à « l’existence d’un pouvoir, d’une pression ou d’une influence exercé(e) sur un individu ou un groupe qui doit être perçu(e) et considéré(e) comme dissonant »[xii].

En effet, à travers l’usage des Adblockers, les internautes empêchent et refusent par la même occasion, l’affichage d’une grande partie des publicités. Cela traduit ainsi une volonté des internautes de ne pas voir ces publicités, donc de ne pas être influencés par ces publicités, ce qui semble s’apparenter à une forme de lutte. Cela traduit également un rejet du ciblage publicitaire en refusant l’affichage des publicités ciblées. En effet, en utilisant un Adblocker, l’internaute ne verra pas les offres commerciales des entreprises, qu’elles soient ciblées ou non selon les navigations de l’internaute.

Afin de qualifier une pratique de résistante, il faut que celle-ci réponde à trois conditions, à savoir qu’une pression soit exercée sur l’individu, que celui-ci en soit en conscient et enfin que ce dernier ne soit pas en accord avec cette pression.

Appliquée dans le cas des Adblockers, la pression se manifeste par l’apparition des publicités sur la page Internet de l’internaute, parfois impossibles à éviter si ce dernier veut accéder aux contenus de la page. Tel est le cas des publicités dans les vidéos sur Youtube par exemple. Il peut s’agir également de la récurrence, sur différents sites, d’une annonce d’un produit préalablement recherché par l’internaute, tel est le cas de la publicité comportementale. Ces publicités, dont le but est d’inciter, d’influencer le consommateur peuvent ainsi rentrer en conflit avec l’espace personnel de ces derniers.  Les consommateurs peuvent aussi percevoir la publicité comme les poussant, les forçant à connaître et regarder un produit dans le but de l’acheter.

La conscience de la pression de la publicité se manifeste dans l’intrusion perçue de la publicité. En effet, lorsque l’internaute est confronté à des publicités comportementales, reflétant ses navigations précédentes, il est conscient de l’intrusivité de la publicité dans son espace personnel et du « vol de données » permettant d’afficher ces publicités. De la même manière, l’individu prend conscience de la pression exercée sur lui lorsqu’il se trouve dans l’incapacité de passer la publicité, de ne pas la voir afin d’accéder aux contenus de la page Internet.

Enfin, le désaccord de l’individu traduit la dissonance entre l’influence perçue de la publicité et les valeurs de l’individu. En effet, beaucoup de consommateurs manifestent un désaccord envers les techniques des entreprises visant à collecter et réutiliser les données des internautes afin de leur proposer du contenu sur-mesure. De la même manière, les internautes manifestent un désaccord contre l’intrusivité des publicités dans leur espace personnel. En effet, beaucoup sont mécontents de l’obligation d’affichage de la publicité pour accéder aux contenus ou encore de l’omniprésence et de la quantité importante de publicité sur certains sites Internet.

Ainsi, ce désaccord se manifeste à travers l’usage des Adblockers afin de contrer ces stratégies marketing mises en œuvre par les entreprises et sites Internet.

Il faut noter que la notion de résistance va de pair avec la notion de propension à résister des consommateurs qui a été définie comme « une tendance individuelle stable du consommateur à s’opposer à des formes de pression ou d’influence perçues » (Roux, 2007, p. 68)[xiii]. Là encore, les Adblockers traduisent la propension à résister des internautes puisque ces modules sont installés de manière durable sur les navigateurs des internautes de sorte que le blocage des publicités ne soit pas temporaire mais permanent.

De la sorte, l’utilisation des Adblockers par les internautes serait la manifestation de la résistance à la publicité numérique, qu’elle soit ciblée ou non, puisqu’elle induit une réaction négative des consommateurs envers les formats de publicité.

  • La réponse des entreprises à cette forme de résistance à la publicité en ligne

La résistance des internautes aux publicités en ligne à l’aide des Adblockers a contraint les entreprises et sites Internet à repenser leurs stratégies de communication afin d’assurer leur communication et leur pérennité. En effet, la rémunération au taux de clic de la plupart des sites Internet a fortement été entravée par l’apparition et l’utilisation massive des Adblockers par les internautes. Il en est de même pour les entreprises qui se servaient de ces types de formats numériques pour proposer leurs produits. Les Adblockers ont ainsi réduit la visibilité des annonces des entreprises. A titre d’exemple, les Adblockers auraient fait perdre près de 22 milliard de dollars aux entreprises en 2015 et près de 20 milliard de dollars en 2016.

Ainsi, ces pertes massives induites par l’utilisation des logiciels de blocage publicitaire tel Adblock ont contraint les entreprises à adopter des nouvelles stratégies afin de continuer à pouvoir afficher et transmettre la publicité des entreprises aux internautes. En effet, la montée du phénomène des Adblockers est considérée comme une menace économique par les éditeurs en ligne. Il faut préciser que la publicité en ligne diffusée par les sites Internet permet de distribuer du contenu gratuit aux internautes en contrepartie de l’affichage et du visionnage des publicités par l’internaute. En l’absence du visionnage des publicités permis par les Adblokers, les sites Internet se retrouvent sans sources financières. Ces derniers se voient donc contraint de réagir sous peine de faillite. Ainsi, plusieurs moyens ont été mis en place et sont utilisés afin de contourner l’utilisation des Adblockers.

Parmi ces moyens, deux sont significatifs et leur utilisation ne cesse de progresser. Il s’agit de l’obligation de désactivation des Adblockers pour accéder au contenu et l’inscription du site Internet sur une liste blanche.

En ce qui concerne l’utilisation de listes blanches ou « white list », celle-ci repose sur l’inscription des éditeurs à un programme de publicités jugées acceptables par les développeurs des bloqueurs de publicité. A l’aide de l’inscription des éditeurs à cette liste, et une fois validation de la publicité ou de l’éditeur, les annonces concernées ne seront plus bloquées par l’Adblocker. Cependant, certains éditeurs considèrent les listes blanches comme une forme de concurrence déloyale car pour déverrouiller l’action des Adblockers sur les publicités des éditeurs, ces derniers doivent parfois payer une somme d’argent.

Cependant, la solution la plus répandue de lutte contre les Adblockers demeure l’obligation de désactivation de ces logiciels par les internautes souhaitant accéder aux contenus du site Internet. Ce procédé, mis en œuvre par les sites pour lutter contre les Adblockers, contraint les visiteurs à désactiver leur logiciel de blocage de publicité afin d’accéder au contenu du site. Pour ce faire, les sites Internet qui utilisent des anti-bloquants modifient distinctement le contenu de leurs pages en affichant par exemple un message contextuel appelant à désactiver le logiciel de blocage. Ces notifications, souvent intrusives, ne peuvent être ignorées par les utilisateurs sans désactiver leur bloqueur de publicité. Sans cette désactivation, l’internaute ne peut pas accéder, ni voir le contenu du site. Ainsi en désactivant le logiciel, l’internaute accède au contenu mais par la même occasion accède à l’affichage des publicités, il se voit alors contraint de regarder et de fermer des fenêtres de publicités. Son contenu média est alors entremêlé de publicités, autrefois absentes à l’aide de l’usage des Adblockers. Cette stratégie est devenue une solution de plus en plus populaire pour contrer les Adblockers de publicités, par exemple, Yahoo Mail, WIRED et Forbes l’auraient adopté.

Dans le même sens, certains sites contraignent les utilisateurs d’Adblockers à payer des frais d’abonnement ou à faire des dons s’ils veulent continuer à accéder aux contenus du site, tout en refusant l’affichage de publicité. Cette solution s’inscrit dans une forme de représailles, de résistance contre les Adblockers en utilisant des procédés anti-Adblockers capables de détecter et d’arrêter les utilisateurs de bloqueur de publicité.

Une variante de ce procédé consiste pour le site éditeur à afficher un bandeau de notifications signalant à l’internaute la nécessité des publicités sur le site afin que ce dernier perdure financièrement. Cette solution fait alors appel à la compassion et à la raison de l’internaute, qui est alors censé prendre conscience de l’importance de la publicité dans les revenus financiers des sites.

Voici un lien d’une vidéo d’un internaute défendant la cause anti-adblockers pour la survie des sites Internet et vidéo Youtube

Cependant, se pose alors la question de savoir si ces nouveaux moyens trouvés pour continuer à proposer de la publicité ne feront pas, à leur tour, face à une forme de résistance de la part des utilisateurs.

Etude sur les utilisateurs d’Adblockers en France

Références citées : 

[i] Pujol E., Hohlfeld O. et Feldmann A., (2015), annoyed Users: Ads and Ad-Block Usage in the Wild, p.1.

[ii] Sandvig J.C., Bajwa D. et Ross S.C., (2011), USAGE AND PERCEPTIONS OF INTERNET AD BLOCKERS: AN EXPLORATORY STUDY, Issues in Information Systems, Volume XII, No. 1, pp. 59-69.

[iii] Li W. et Huang, Z.Y., (2016) The Research of Influence Factors of Online Behavioral Advertising Avoidance. American Journal of Industrial and Business Management, 6, 947- 957.

[iv] Chouk I., Guiot D. (2014), Publicité intrusive sur Internet : une étude exploratoire des profils de résistance. 13ème journée de recherche sur le e-marketing / marketing digital, Paris, France. pp.21.

[v] Giannelloni JL. et Le Nagard, E. (2016),  Big data et Marketing prédictif,  Décisions Marketing, N°82, Editorial, 5-8.

[vi] Hérault S et Belvaux B. (2014). Privacy paradox et adoption de technologies intrusives. Le cas de la géolocalisation mobile. Décisions Marketing. 74; 67–82.

[vii] Li H, Edwards SM et Lee JH. (2002), Measuring the Intrusiveness of Advertisements: Scale Development and Validation. J Advert. 31(2):37–47.

[viii] Haris Mughees M. et al., (2016), A First Look at Ad-block Detection – A New Arms Race on the Web. p.1.

[ix] Speck P. S., et Elliott M. T. (1997). Predictors of advertising avoidance in print and broadcast media. Journal of Advertising, 26(3), 61-76.

[x] Cho C.H. et Cheon H.J. (2004), « Why Do People Avoid Advertising on the internet? », Journal of Advertising, n° 33, 4, p. 89-97.

[xi] Banikema A. S., et Roux D. (2014),  La propension à résister du consommateur : contribution à l’étude d’une disposition à s’opposer aux tentatives d’influence marchande. (2014). Recherche et Applications en Marketing (French Edition)29(2).

[xii] Roux D. (2007), La résistance des consommateurs: Proposition d’un cadre d’analyse, Recherches et Applications en Marketing, 22, 4, 58-80.

Bibliographie : 

Banikema A. S., et Roux D. (2014), La propension à résister du consommateur : contribution à l’étude d’une disposition à s’opposer aux tentatives d’influence marchande. Recherche et Applications en Marketing (French Edition)29(2), 34–59. doi:10.1177/0767370113517345.

Berger R. (2016), Fair Play in der digitalen Welt. Wie Europa für Plattformen den richtigen Rahmen setzt.

Chouk I. et Guiot D. (2014), Publicité intrusive sur Internet : une étude exploratoire des profils de résistance. 13ème journée de recherche sur le e-marketing / marketing digital. pp.21.

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Perraud L. (2013) Les formats de publicité sur internet et l’intrusion perçue. La communication numérique demain. Quels impacts sur la stratégie, le management et les ressources humaines ?, 9782954337944. hal.archives-ouvertes.fr.

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Quand le marketing s’intéresse aux enfants

Souhère BaataouiAmanda GalantNina PierrotFatim Traore,
Master Marketing et Distribution de l’Université de Reims Champagne-Ardenne (Troyes)

Publié le 10 janvier 2019

Selon le Mercator 2017 « Le marketing est un moyen d’action qu’utilisent les organisations pour influencer en leur faveur le comportement des publics dont elles dépendent »
Le marketing s’adapte aux différentes générations (sénior marketing, milénials et kid marketing). Dans l’orientation du marketing général on définira le kid marketing comme une stratégie d’influence des enfants.

Après la seconde guerre mondiale, le baby-boom à suscité un intérêt pour les entreprises aux Etats-Unis. En effet, ce marché est devenu viable aux yeux des marques et des distributeurs. C’est en avril 1974, dans l’article intitulé « Merchandising » que la population française découvre que certains industriels, distributeurs, médias et publicitaires se faisaient conseiller pour la mise en point de produits consommés par les enfants âgés entre 0 et 25 ans.  À travers cette découverte, les professionnels ont tenté de comprendre l’évolution du comportement des enfants. Pendant les 35 années qui se sont écoulées, les choses ont beaucoup changé en France, en Europe et dans les pays développés. Des études réalisées par des chercheurs, nous ont permis de comprendre l’évolution du comportement des enfants.

Par ailleurs, beaucoup de pays dont la population de moins de 25 ans atteint parfois les 2/3 ne pourront pas continuer très longtemps à être dirigés par une gérontocratie qui ignore les attentes de leurs jeunes.
Cette politique « gérontocrate » désigne un régime où le pouvoir est exercé par les personnes les plus âgées de la société car jugées en théorie plus sages. En contradiction avec cette situation, la jeunesse n’entend plus être « la génération perdue du monde qui vient » mais réclame le droit de prendre son avenir en mains. Cette ignorance des gérontocrates s’oppose totalement au phénomène du « Kid marketing », un phénomène qui prend de plus en plus d’ampleur dans l’évolution du statut de l’enfant.

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Aujourd’hui, les enfants apparaissent et deviennent de véritables « consommateurs décideurs » en plus de leurs rôles d’influenceurs. Les enfants permettent aux producteurs et aux distributeurs de toucher indirectement toute la famille et l’univers de l’enfant participe de près ou de loin à 50% des dépenses des ménages.

Comme souligné ci-dessus, les enfants ont un rôle d’influenceurs mais peuvent aussi être influencés sous différentes formes : « l’éducation formelle (l’école) », « l’éducation non formelle (famille, sport, association culturelle) » et « l’éducation informelle (les médias, la consommation) ». C’est pourquoi, la cible familiale demeure une priorité stratégique pour un nombre croissant d’industriels, de distributeurs, de médias et de publicitaires.

Plus personne ne conteste que les adultes ne soient plus en mesure d’imposer aujourd’hui leurs visions et leurs volontés aux jeunes. Les enfants deviennent dès leur naissance des acteurs clés dans la consommation de biens en se voyant attribuer à la fois un rôle de prescripteur et de consommateur. Il est parfois difficile de s’imaginer que les enfants soient de réels consommateurs avec leur propre comportement de consommation. Les professionnels du marketing, eux, l’ont bien compris.

C’est pourquoi on peut observer le développement en puissance d’une multitude de stratégies sous l’appellation Kid Marketing. Ce dernier cible exclusivement l’enfant, l’incitant, de manière ouverte ou non, à l’achat des marques. L’enfant, par son tempérament curieux, naïf, et influençable, est le prospect parfait, car il aime essayer de nouveaux jouets, goûter de nouvelles saveurs ou tester de nouveaux produits. De fait, il va inciter son entourage à lui procurer les produits qu’il aime.

Selon Brée (2012), plusieurs facteurs sont à prendre en considération dans l’apparition du kid marketing. Le premier élément qui explique cette apparition est la diminution du nombre moyen d’enfants par famille. En effet, au vu du nombre de moyens contraceptifs et de leur efficacité, lorsque l’enfant naît, il est désiré, attendu et regardé d’un œil différent.

Le deuxième facteur est l’augmentation du nombre de divorces ou de séparations provoquant une dissolution de la structure familiale. Alors que pendant des décennies, tous les membres de la famille (enfants, parents, grands-parents, oncles, tantes…) vivaient sous le même toit, on assiste aujourd’hui à une situation totalement différente. Actuellement, les enfants et parents vivent séparément du reste de la famille. Cette séparation, pouvant aller de quelques mètres à plusieurs centaines de kilomètres, conduit certains grands-parents, arrières grands-parents ou parents à être plus tolérants avec l’enfant. Il n’est donc pas rare que pour Noël ou un anniversaire, un enfant puisse recevoir des cadeaux de la part de 4 parents, ou de 8 grands-parents.

Le troisième facteur est la disparition progressive d’une rupture entre le monde de l’enfant et le monde de l’adulte. Il y a un siècle, certains enfants quittaient le nid familial à 12 ans pour aller travailler, puis, dans les années 1970, ils partaient plus tardivement, entre 14 et 16 ans. Ils étaient donc obligés d’entrer dans la vie active et par la même occasion dans le monde des adultes. Aujourd’hui, suite à la prolongation des études, les enfants restent beaucoup plus tard chez leurs parents, 25 ans voire plus pour certains.

La quatrième raison est la redéfinition du rôle de l’enfant au sein de la famille. Si pendant longtemps, l’enfant devait se taire et obéir à ses parents, il est aujourd’hui considéré comme une personne dont l’avis compte et avec qui on va pouvoir dialoguer.

La cinquième et dernière cause est l’augmentation du pouvoir d’achat. Actuellement, la classe moyenne constitue majoritairement notre société. L’excèdent des ressources financières de la famille permet de pouvoir prendre part à la consommation, et notamment par et pour les enfants.

C’est alors que nous pouvons nous demander s’il n’est pas néfaste d’exposer son enfant à la consommation sans aucune limite. L’enfant est-il vraiment un prescripteur dans l’achat familial ?

Kid Marketing : une influence récurrente sur les enfants dans de nombreux secteurs

Les stratégies de « kid marketing » des marques ont dans l’optique d’atteindre les enfants de tous âges et de tous sexes. Leurs influences s’exercent principalement au travers de publicités télévisées ou dans les points de vente, mais également en ligne ce qui touche de nombreux secteurs tels que l’agro-alimentaire, les jouets, etc.

             Une influence néfaste pour la santé des enfants et leur capacité à réfléchir face au monde de la consommation

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L’une des influences observées sur les enfants est celle de l’obésité. Elle était dans un premier temps considéré comme un problème médico-social qui n’atteignait que certains pays, mais elle touche actuellement la plupart des nations développées. L’obésité n’a fait que croître au fil des années, que ce soit celle des enfants ou des adolescents. La faute était principalement reportée sur le comportement alimentaire et le manque d’effort physique, mais cette accusation se porte désormais également sur les fast-food et l’industrie agro-alimentaire au travers de leurs tactiques marketing.

Les pouvoirs publics ont normalement pour rôle de fixer des règles, cependant dans certains exemples on voit que les entreprises profitent de stratagèmes tels que des offres de produits dit à des « fins pédagogiques » qui font en réalité passer des messages sur certains aliments. Ceux-ci sont pourtant connus des pouvoirs publics et des parents.

Cependant, les entreprises se voient quand même menacées par une modification des attentes des clients, qui est celle de produits équilibrés afin d’éviter toutes formes de surpoids ou d’obésité. Elles répondent alors à ces attentes par des actions de communication sur une fréquence de visite plus régulée dans les fast-food ou par la promotion du sport sans pour autant changer leurs gammes de produits. Pour contrer l’alliance du terme « fast-food » avec celui d’obésité, la marque McDonald’s a trouvé comme solution de combiner dans leurs spots publicitaires des enfants faisant de l’exercice physique et mangeant par ailleurs.

L’une des raisons de cette influence grandissante du marketing sur les enfants est une certaine démission des parents qui ont laissé de la place aux entreprises pour agir en toute impunité. Dans ce sens, les parents sont parfois peu impliqués dans l’éducation de leurs enfants concernant la consommation et ses diverses conséquences. L’un des facteurs explicatifs pourrait être le changement des structures familiales classiques. Les entreprises ont alors pu s’en servir pour proposer de nouveaux types de produits. Les snacks qui ont engendré l’augmentation des calories ingurgitées par les enfants, en sont l’exemple.

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L’une des autres raisons de cette influence est la publicité télévisée. Les enfants sont souvent confrontés aux messages marketing au travers de ces publicités. Les entreprises de l’agroalimentaire ont bien compris que les enfants passent de nombreuses heures devant leur poste de télévision. Ils en jouent, ils font appel à l’émotionnel et utilisent des éléments qui attirent les enfants, tels que des personnages, des célébrités, des histoires, de la musique. Les entreprises emploient dans leur manière d’atteindre les enfants par la télévision, la notion de confiance, en utilisant par exemple, un discours presque similaire aux émissions destinées aux enfants, ou avec des personnages et des situations de mondes idéalisés. La répétition du message télévisé et la nature bonne du produit dans la pub permettent également d’atteindre les enfants (Brée, 2005).

Un autre secteur que celui de l’agro-alimentaire est touché par le « kid marketing » : le secteur des jouets et jeux. Comme toutes les entreprises de ce secteur, le kid marketing a pour but d’inciter, d’influencer ces jeunes consommateurs afin qu’ils soient plus ou moins « informés » pour acheter des biens de consommation au moment actuel et dans le futur. On peut faire la remarque qu’à cet âge, ce ne sont pas les enfants qui décident et paient au final, ce sont les parents. Ces enfants sollicitent donc régulièrement leurs parents afin d’obtenir ce qui leur semble bon et attractif pour eux.

Le matraquage publicitaire et les influences dans le secteur des jouets

Comme pour le secteur agroalimentaire, celui des jouets s’est fait connaitre par sa communication au travers des publicités. Ces jeunes « télévores » vont alors repérer dans ces pubs ou émissions de télévision des produits qui vont les attirer (Botterill et al., 2008).

Bien avant que les enfants soient ciblés par les marques, tant au niveau alimentaire que pour les jouets, les différents secteurs visaient en particulier les parents car ce sont eux qui détiennent le pouvoir de la décision d’achat. Cependant, avec le développement de la programmation télévisée pour les enfants, comme « Mickey Mouse Club », l’industrie du jouet a pu se rendre compte de l’intérêt de cibler les enfants en tant que consommateur par le biais de produits dérivés et de sponsoring (Coca Cola). Cette influence a profondément modifié la décision d’achat, mais également la culture du temps de jeu après l’école qui était d’abord consacré au jeu entre enfants et qui est devenu un temps consacré à regarder la télévision.

On observe également qu’à chaque décennie, un succès télévisuel ou cinématographique a engendré la production de produits dérivés qui ont été très lucratifs. Outre l’exemple de Mickey, Star Wars, qui est un film de science-fiction, a amené de forte retombées économiques grâce au développement de ses produits sous licence.

Dans le cadre élargi des publicités de marques de jeux pour enfants, sans forcément être liées à des programmes ou des films, on remarque que le style de jeu selon le sexe est encore marqué par un fossé qui est bien visible. On voit dans ces publicités, que le thème « masculin » pour les garçons se réfère plutôt aux jeux vidéo, à la guerre, aux sports, tandis que le thème « féminin » pour les filles se réfère au monde féerique, aux princesses, etc. On pourrait voir à travers ce fossé, un maintien des différences entre les filles et les garçons par le biais du kid marketing.

Enfin, on note qu’afin de vendre leurs produits, les marques choisissent la période la plus appropriée où ils vont diffuser des publicités, ce choix étant très réfléchi. On remarque ainsi que la période de Noël, au moment des heures de grande écoute des enfants, est très impactée par le matraquage publicitaire que ce soit pour l’alimentaire, les jouets ou les médias (jeux vidéo, musique, téléphones, etc.).

Les Parents résistent à la consommation des enfants et aux tentatives d’influence du kids marketing. Les parents perçoivent différentes menaces et essayent d’y résister !

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Nabec (2013) a exploré les motivations et les manifestations de la résistance parentale à partir d’une étude qualitative réalisée dans le domaine du jouet. Elle détermine les trois raisons principales pour lesquelles les parents résistent. Les parents sont le principal facteur de socialisation de l’enfant, c’est pourquoi ils tentent de transmettre à leurs enfants leurs modes de vies, de consommation et donc leurs valeurs. Certains parents sont contre la surconsommation et suivent plutôt la tendance de la non-consommation. C’est dans cette direction qu’ils souhaitent éduquer leurs enfants en leur apprenant à faire les bons choix et donc à ne pas consommer pour consommer (Vidéo: Quand le marketing alimentaire cible les enfants).

 Les parents perçoivent le kid marketing comme une menace pour l’enfant et font tout pour contrer cette force. Il existe 3 raisons principales pour lesquelles les parents résistent face au kid marketing :

Transmettre à l’enfant des valeurs critiques : « La résistance parentale engagée »

Ces parents veulent transmettre à leurs enfants des valeurs anti-matérialistes et résistent à la consommation en générale. Ils optent pour une consommation authentique et simplifiée (consommation écologique, responsable…). Ils apprennent donc à leurs enfants à résister au marché comme eux même l’on appris. De plus, la construction identitaire de l’enfant est l’une des motivations principales des parents. En effet, ils rejettent les jouets qui ne véhiculent pas leurs valeurs. Pour eux, certains jouets sont une menace pour la construction identitaire de l’enfant. Nous pouvons illustrer cette menace par les armes en plastique pour les enfants. Dans le même sens, les jouets sexistes ou misogynes sont également rejetés par les parents puisqu’ils ne véhiculent pas une image qu’ils veulent transmettre . La volonté de transmettre leur idéologie est au centre de leur démarche.

Protéger l’enfant vulnérable : « La résistance parentale nostalgique »

La nostalgie est une tristesse liée à ce qui est passé, la volonté de revenir à une époque idéalisée. Les parents veulent protéger leurs enfants des menaces qui l’entoure. Ils estiment que cette société est pleine de menaces pour le développement de ces derniers.  Les parents sont donc nostalgique du passé, cette époque où ils ne se sentaient pas menacés. Ils veulent transmettre à leurs enfants les valeurs et les souvenirs qu’ils ont eux étant plus jeunes. C’est pourquoi, ils recherchent des jouets authentiques auxquels ils ont eux-mêmes joués à leur époque, des jouets moins marketés. Les nouvelles marques de jouets peuvent être considérées, par ces parents, de manipulatrices car l’enfant est trop exposé à leurs produits (au début le produit de base, puis les produits dérivés qui s’ajoutent au produit de base). Les parents ne veulent pas que leur enfant soit le « porte-drapeau  » des marques. Par ailleurs, les parents pensent que leurs enfants sont vulnérables face aux médias, c’est pourquoi ils souhaitent les protéger.

Contribuer au développement de l’enfant : « La résistance parentale situationnelle »

La résistance parentale peut aussi se faire simplement en sélectionnant les produits qui participeraient au bon développement de leurs enfants, les parents ne cherchent plus à éviter les menaces. Les jouets tiennent un rôle important dans le développement de l’enfant. En effet, ils l’aident à gagner en autonomie, stimulent leur créativité, c’est-à-dire qu’ils contribuent à leur bien-être. Les parents ont donc une forte implication dans l’achat de jouets, ils prennent également en compte l’avis de leur enfant dans cet achat.

Il est important d’expliquer à son enfant la résistance parentale. La communication est primordiale pour transmettre son savoir afin qu’à son tour il puisse lui aussi résister face à la consommation et avoir les ressources nécessaires afin de résister face à la menace perçue. Cela peut se faire en expliquant le fonctionnement de la société de consommation, les objectifs de la publicité… A son tour, l’enfant pourra transmettre le mode de vie résistant des parents.

Comment les entreprises agissent-elles pour contrer la résistance au kid marketing ?

Face à la montée des critiques face au kid marketing, des marques de l’agro-alimentaire, telles que Subway ont décidé de joindre en 2014 le Partnership for a Healthy America (Partenariat pour des États-Unis en Bonne Santé), qui est un programme soutenu par Michel Obama afin de promouvoir une alimentation saine auprès des enfants. Environ 41 millions de dollars ont été investis dans cette campagne de publicité avec pour slogan « Playtime: Powered by Veggies » (Le Temps de la Récréation : Alimenté par les Légumes). Cette campagne offre un nouvel angle de perception concernant les critiques que reçoivent les marques en ce qui concerne leurs stratégies marketing. On remarque tout de même que la promotion de l’alimentation saine ne change pas la cible de Subway, qui reste les enfants et que l’on retrouve dans leurs publicités.

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Toujours aux États-Unis, mais cette fois-ci avec la marque McDonald’s, l’entreprise a décidé de supprimer les cheeseburger dans le Happy Meal. En continuité avec sa volonté de changer d’image et de proposer une offre moins calorique, McDonald’s avait déjà inclus des fruits en sachet et des jus de fruits dans son offre.

Disney, qui s’inscrit également dans une optique d’alimentations saine, a promis de ne proposer que des produits qui répondent aux directives nutritionnelles que ce soit sur ses chaînes de télévision ou dans le parc lui-même.

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De plus,  les entreprises de jouets elles aussi essayent de contrer la résistance au kid marketing. Toy’s R Us créée des événements comme “la fête de l’enfant” afin d’attirer un maximum d’enfant à venir jouer dans leurs magasins. Plusieurs animations sont mises en place (jeux, coloriages, concours…) gratuitement dans tous les magasins de France. Cela permet d’occuper l’enfant durant une après-midi en jouant avec des jeux qu’il n’a pas, mais aussi de jouer avec d’autres enfants qu’il ne connaît pas. Ce genre d’actions permet de faire face à “la résistance parentale nostalgique”, puisque ces derniers, autrefois, jouaient à l’extérieur avec d’autres enfants qu’ils ne connaissaient pas forcément. Lorsque la résistance est “situationnelle”, les entreprises peuvent mettre en avant les bienfaits du jeux (par exemple, les jouets d’éveils). Cette résistance est favorable aux créateurs de jouets indépendants ou aux entreprises de jouets coopératives.

Pour contrer la résistance nostalgique, les entreprises de jouets peuvent recréer les jouets qui étaient utilisés autrefois, puisque ces résistants voudraient retourner à un mode de consommation plus authentique (par exemple, la peluche kiki lancée en 1974 et toujours commercialisée).

Cependant, Toy’s R Us, a cédé face à “la résistance parentale engagée” puisque l’enseigne a limité le marketing dans leurs rayons. En effet, elle a cessé de produire des campagnes publicitaires dédiées uniquement aux filles ou aux garçons. Les voix des parents résistants semblent donc être de plus en plus entendues.

Le Kid marketing manipulateur : le point de vue des associations de consommateurs ?

Pour les associations des consommateurs, les parents comme les enfants seraient victimes de la société de consommation. Ils soulignent que la société de consommation serait dangereuse et qu’il faudrait s’en protéger en interdisant les publicités. A travers cette vision, les associations de consommateurs veulent mettre l’accent sur les dangers extérieur à l’univers familial  et montrer comment le marketing peut provoquer une incitation permanente contre laquelle les enfants ne peuvent pas se défendre.

Pour contrer cette résistance et la vision perçue par les associations de consommateurs, les entreprises et les spécialistes du marketing expliquent que le rôle des parents est déterminant. Un enfant ne serait pas si naïf qu’on le pense et serait capable de discernement dans ses habitudes de consommation. En effet, pour certaines entreprises, le danger vient essentiellement de l’univers familial et c’est aux parents de se remettre en question en mettant des limites et en luttant contre la surconsommation.

De plus, face aux associations de consommateurs et aux mouvements anti-pubs, les entreprises cherchent des arguments qui permettent de minimiser l’impact de la publicité et la manipulation possible de l’enfant.

Il est important de rappeler qu’en France, la publicité est interdite avant et après les programmes enfantins sur les chaînes publiques mais pour contrer cette règle les entreprises tentent d’offrir leurs dessins animés aux chaînes télévisées.

Il est vrai que les publicités envahissent le quotidien des consommateurs mais malgré les importantes interdictions certaines entreprises comme McDonald’s arrivent tout de même à leurs fins en mettant en place des actions éducatives pour les enfants.

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